Dans chaque pays, chaque culture, il y a une fête de l’année qui nous rappelle nos racines et notre famille, comme une alarme. En Europe, cette alarme sonne lorsqu’on s’approche du 24 décembre ; à Taïwan, c’est vers le mois février : pour le nouvel an lunaire.
Le premier janvier marque le début de la nouvelle année dans ce calendrier qui est utilisé par plusieurs pays en Asie. En Europe, on dit souvent le nouvel an « chinois » en raison des liens entre la couleur rouge, le symbole du dragon, et certains styles de vêtements et la notion floue de « l’Ancien Empire chinois ». En réalité, ces éléments culturels sont présents dans de nombreux pays asiatiques comme les fêtes chrétiennes et les mythes gréco-romains en Europe. Cette culture de la fête du nouvel an lunaire vient de la culture Han qui est devenu la culture dominante dans plusieurs pays asiatiques en raison de l’influence de l’empire chinois pendant plusieurs milliers d’années. Cependant, chaque pays s’adapte différemment à cette culture Han, et Taïwan est un exemple singulier. Car la culture Han est une culture d’agriculteurs qui fondent toute sa manière de vivre et son système de croyance sur le rapport de l’homme à la nature saisonnière. L’adaptation taïwanaise de cette culture y ajoute des éléments maritimes marqués par le risque et l’aventure dans cette base de la culture Han, et fait naître des caractères dynamiques qui sont manifestés parfaitement dans cette grande fête de l’année.
La mythologie de la fête du nouvel an consiste toujours en un malheur qui arrive à la fin d’année. Dans la version originelle, un monstre monte du fond de la mer à chaque nouvel an avant le lever du soleil pour piller les récoltes et chasser les humains. On appelle donc ce monstre « Nianshou » (nián : an ; shòu : bête). Chaque fin d’année, le peuple se dit « L’An arrive ! » pour prévenir tout le monde que le monstre va arriver, et essaie donc de monter dans les montagnes les plus hautes pour lui échapper. Un jour, un sage arrive dans le village et voit la plupart des villageois en train de déménager vers la montagne. Peu après, il ne reste plus qu’une famille dans le village, trop pauvre pour partir. Le sage leur dit d’aller chercher les papiers rouges et les bambous pour chasser Nianshou. La famille n’arrive pas à y croire, mais ils lui donnent quand même des papiers rouges et les bambous. Quand la nuit tombe, la famille se rassemble et mange ensemble comme si c’était leur dernier repas. Après le dîner, le sage met les papiers rouges sur toutes les portes de la maison, et attend le monstre dans la maison avec eux. Après minuit, la famille entend que le monstre s’approche de plus en plus, mais au moment où le monstre essaie d’entrer, la couleur rouge lui brûle les yeux. Lorsque les premières lueurs de l’aurore éclatent, le sage sort de la maison et allume les bambous qui font des bruits de pétard. Les éclaires et les bruits envoyés par les bambous aveuglent et assourdissent le monstre, le forçant à fuir dans la mer. Tout le monde sort et se félicite pour avoir fini l’année en paix.
Il y a une version taïwanaise de cette catastrophe de la fin d’année. Il existait un prophète qui dit que l’île de Taïwan serait submergée par l’océan à l’aube du premier janvier. Les Taïwanais prièrent les dieux de leur accorder leur protection, disposèrent de la couleur rouge partout dans leurs maisons pour porter chance, et placèrent une enveloppe rouge avec un peu d’argent dedans sous leurs oreillers et prièrent les dieux pendant toute la nuit. Chaque famille se rassemble pour un grand repas du réveillon et partage tous les moments de ce dernier jour de l’année ensemble, priant pour la sécurité et la paix.
En raison de cette de la fin d’année, on se salue toujours pour le nouvel an en disant gōngxǐ (félicitation) afin de se féliciter d’avoir passé une année en paix. Nous venons de présenter l’histoire et les activités du réveillon, et nous allons ensuite vous présenter le reste de cette grande fête :
Au premier jour du nouvel an, on se lève tôt, et les enfants de la famille saluent les parents et grands parents et leur souhaitent tous le bonheur pour la nouvelle année. Les personnes âgées de la famille préparent les enveloppes rouges avec un peu d’argent dedans pour les enfants comme un petit cadeau du bonheur. À la même période, le grand défilé a lieu dans la rue avec la danse de la figure du dragon et du lion où les pétards crépitent.
Le deuxième jour après le nouvel an est le jour où les femmes rendent visite à leurs familles d’origine. Dans l’ancien temps, les femmes étaient dans une position subordonnée par rapport à leurs époux, et en charge des tâches ménagères. Ce jour-là est donc le jour des épouses et elles rendent visite à leurs familles d’origine accompagnées de leur nouvelle famille.
Normalement dans la tradition, le festival continue jusqu’au 15 janvier, pendant ces 15 jours, chaque région organise des festivals différents. Le 15e jour est celui de la première pleine lune de la nouvelle année, ce jour-là on se promène dans le village avec une lanterne lorsque tous les quartiers sont décorés avec de nombreuse lanternes qui correspondent au signe représentant l’année. On appelle donc ce jour « la fête de lanterne », et il met fin à l’ensemble du festival du nouvel an.