Culture

Épouse-moi au sommet !

Lin Ya-Ting Phaedra Fang
| No. 7 | Posted on 15th Jun 2016

À Taïwan, plus de deux cents cinquante sommets côtoient les 3000 mètres. Chacun a son propre profil et sa propre particularité, ce qui fait de Taiwan un paradis pour les alpinistes. Cependant, le sommet principal du mont Yu Shan (montagne de Jade), le point culminant de Taïwan (3952 m), est moins attirant aux yeux des alpinistes que le deuxième plus haut sommet, le sommet principal du mont Xue Shan (montagne de neige, 3886 m). La raison de cet attrait vient du fait que son ascension est considérée comme plus stimulante. Non seulement celle-ci compte 300 mètres de plus que pour le mont Yu Shan, mais les infrastructures sont aussi moins complètes. L’ascension du Xue Shan demande donc plus de préparation et plus d’entraînement. Le Xue Shan est également réputé pour ses points de vue magnifiques et pour son écosystème très riche. Un autre atout attire les randonneurs : l’itinéraire de l’ascension passe par l’Aiguille Est du Xue Shan (3201 m), qui figure elle aussi dans les fameux « Cent pics de Taïwan ». Pour les « collectionneurs », cela fait donc deux conquêtes à la fois.

À Taïwan, il est très courant que les nouveaux mariés fassent une séance de photographie de mariage en plus de la cérémonie. J’ai été invitée par une amie passionnée par la randonnée à participer à sa séance de prises de vues, qu’elle a décidé faire sur le mont Xue Shan ! Grâce au beau temps, nous avons pu observer le lever du soleil et la magnifique Voie lactée. Les porteurs des matériels nous ont épargné des kilos de charges sur le dos, et nous avions même encore l’énergie suffisante pour plaisanter arrivés en haut de la « pente des pleurs ».

Le lendemain, la piste après la forêt noire était devenue plus difficile, et chaque kilomètre consommait davantage d’énergie. Après le cirque glaciaire, le chemin final de l’ascension au sommet nous attendait. Ce chemin était encore plus effrayant que la pente des pleurs : dénivelé positif de 350 mètres pour chaque kilomètre ! De plus, les roches de cette zone subissant constamment une altération climatique importante, phénomène appelé météorisation, le sol est recouvert de gravier, et nos jambes n’étaient pas loin de déclarer forfait.

Après cette dernière épreuve, nous finîmes enfin par arriver. Travaillant dans un musée de la science, je ne pus m’empêcher de penser au naturaliste japonais Kano Tadao, qui en son temps était également monté sur le Xue Shan pour une enquête biologique. Il n’est plus là aujourd’hui, mais la vue reste inchangée. Pour le jeune couple, ce voyage est bien sûr devenu bien plus qu’une simple séance photographique. C’est un souvenir précieux, qu’ils raconteront très certainement à leurs enfants et petits-enfants.