Culture

Suivre la cadence de la nature

Li Jhih-Huang
| No. 2 | Posted on 27th Jan 2015

Si les écoles et l’administration s’adaptent aujourd’hui au calendrier grégorien comme en Occident, le calendrier luni-solaire, que nos grands-parents consultent encore régulièrement, n’est pas tombé en désuétude pour autant. En effet, ces deux calendriers coexistent (en paix !) et jouent des rôles complémentaires. Notamment, les fêtes traditionnelles dépendent toutes du calendrier luni-solaire, ce qui lui octroie une position inébranlable.

Le calendrier luni-solaire comporte douze mois par an, avec six mois de 29 et six autres de 30 jours, ce qui fait une année de 354 jours. Il indique la phase de la lune (le 1er de chaque mois indique la nouvelle lune et le 15 la pleine lune), d’où le mot lunaire ; des mois intercalaires 1 lui sont ajoutés pour qu’il suive plus ou moins le soleil, d’où le mot solaire.

Ce n’est pas un calendrier banal qui vous indique seulement les dates et les jours fériés. Il fut inventé dans une société agricole, où suivre le mouvement du Soleil et de la Lune était essentiel pour connaître les saisons de pluie et de sécheresse. Dans le calendrier grégorien, on trouve deux solstices et deux équinoxes en fonction de la position Terre-Soleil tandis que dans le calendrier luni-solaire, on trouve 20 autres périodes solaires qui découpent une année solaire en intervalles de 14, 15 jours. Ce sont aussi ces dernières qui décident de quel mois intercalaire ajouter.

Il y a encore un siècle, un Taïwanais moyen ne pouvait pas se passer de ce calendrier avant de commencer sa journée car il indique aussi ce qu’il est recommandé de faire et ce qui est à éviter. Ceci pour dire que les comportements humains devraient également être régis par l’univers… comme les saisons agricoles ! Bien que ceci ne vaille plus pour la plupart des événements quotidiens, les mariages et les enterrements restent encore ceux pour lesquels consulter le calendrier et choisir une bonne date font partie de la préparation.

Revenons aux fêtes traditionnelles. La pleine lune, ou le 15 du mois, symbolise la réunion, d’où les grands festivals comme la fête des lanternes le 15 du 1er mois (la clôture pour le nouvel an), le festival de la mi-automne le 15 du 8e mois et enfin, le weiya, ou la fête de fin d’année, le 15 du 12e mois. Une question assez naturelle se pose : lorsqu’un mois intercalaire est ajouté, disons, le 8e mois, fêtons-nous deux fois le festival de la mi-automne ? La réponse est non. En effet, aucun festival n’a lieu pendant les mois intercalaires. Dommage pour les fêtards !

Quant au nouvel an lunaire 2, il a lieu tous les ans du 1er au 15 du premier mois, ce qui correspond à la période du 19 février au 5 mars de l’année courante. Bien évidemment, un grand repas au sein de la famille paternelle sera organisé le 30 du dernier mois au soir pour ouvrir toute une série de célébrations et, en même temps que cela, le fameux animal du zodiaque laisse sa place au suivant lorsque la cloche tinte minuit.

  1. Avec environ 12 jours de différence par rapport à l’année solaire, les saisons seraient inversées au bout de 15 ans. Des mois intercalaires (ou en duplicata) sont ajoutés pour rattraper ce décalage. On en compte 7 sur une période de 19 ans. 

  2. Souvent appelé le nouvel an chinois en France, mais qui est en fait célébré dans beaucoup de pays asiatiques dont la Corée du Sud, le Vietnam et Taïwan. Ici, le terme politiquement plus neutre est choisi.