Politique

Faits divers des élections

Li Jhih-Huang
| No. 6 | Posted on 11th Feb 2016

Dégage, c’est moi le candidat !

Six mois avant l’élection présidentielle, les deux partis politiques principaux de Taïwan, le KMT et le DPP, présente tout deux une femme candidate. Hung Hsiu-Chu, candidate du KMT, qui termine son mandat à l’Assemblée nationale fin janvier et Tsai Ing-Wen, candidate du DPP, qui s’est déjà lancée dans la présidentielle de 2012.

Cependant, plusieurs discours de Hung en faveur de l’unification avec la Chine au sujet des relations sino-taïwanaises ainsi que la politique qu’elle compte mener sont considérés comme des dérapages extrémistes. D’après les sondages d’alors, Tsai va remporter une victoire écrasante face à Hung. Ceci inquiète les figures politiques du KMT, notamment ceux qui se présentent pour les élections législatives du même jour : « Elle veut juste peut-être promouvoir son idéologie, mais nous, on veut gagner ! ». Alors, l’idée de la remplacer germe.

Trois mois plus tard, bien que la primaire a déjà eu lieu, Hung sort de la scène électorale par un recours spécial. La délégation des membres du KMT vote 812 sur 891 en faveur de l’action, lors d’une assemblée générale extraordinaire dédiée à cette fin. Le président actuel du KMT, Eric Chu (Chu Li-Luan), également maire de Nouveau Taïpei, est ensuite « applaudi » pour représenter le parti à la présidentielle.

Rencontre Ma-Xi, surprise !

Le soir du 3 novembre, une actualité prend les Taïwanais au dépourvu : le président Ma va rencontrer le président Xi quatre jours plus tard à Singapour. Le lendemain, la nouvelle apparaît à la une de tous les journaux. Il s’agit en effet de la première fois dans l’Histoire que les présidents des deux rives du détroit se rencontrent en personne.

A l’issue de l’entrevue, le gouvernement prétend que cette rencontre est une étape historique vers la normalisation de la relation entre les deux régimes, et que la politique « chacun sa Chine » est une nouvelle fois confirmée. Cependant, la réaction du peuple taïwanais est assez mitigée. En allant à Singapour, le président taïwanais a rompu sa promesse de campagne de 2012 : ne pas rencontrer son homologue chinois. Son impopularité et son mandat à terme lui font perdre également la légitimité.

S’agit-il d’une mise en scène pour tenter d’influencer les prochaines élections ? Peut-être. En tout cas, Taïwan a gagné une grande visibilité, même si les médias étrangers n’ont apparemment pas vraiment compris ce qu’il s’est passé…