Société

Une famille sacrée : Des divinités qui règnent au quotidien

Sun Yu-Jung Chang Ji-Ho
| No. 4 | Posted on 9th Aug 2015

Dans beaucoup de maisons à Taïwan se trouve un petit autel qui ne renvoie à aucune religion mais à une croyance folklorique. Cette croyance folklorique est d’abord la croyance des ancêtres, puis une croyance polythéiste selon laquelle des divinités règnent dans presque toutes les affaires du peuple au quotidien. On va au temple et prie pour la réussite scolaire, pour une relation amoureuse, pour un mariage, pour un bébé, pour une carrière, pour une bonne santé, et enfin, pour honorer les morts.

Lorsqu’il s’agit d’une croyance très proche de la vie du peuple, elle prend souvent une forme de religion qui influence fortement la société. Cela offre un terrain aux personnages « religieux » pour se mêler des affaires publiques et politiques. Dans l’ancien temps, comme les églises en Europe, les temples folkloriques étaient non seulement le centre des croyances d’une communauté, mais aussi une espèce de mairie omni-tâche, à construire des infrastructures locales. Ils géraient ainsi une grande partie des investissements et de l’argent qui circulait dans la communauté. Par conséquent, les temples folkloriques eurent beaucoup d’influence sur l’opinion publique, la politique et l’économie locales.

Dans une communauté, les temples folkloriques sont souvent gérés par de grandes familles puissantes. Lorsque la croyance traditionnelle rencontre la politique moderne, on trouve parfois des personnages qui combinent les deux si parfaitement qu’ils créent un gigantesque pouvoir, franchissant toute les limites ! Parmi ceux-là, voici l’histoire la plus connue : celle d’une famille sacrée, qui règne sur le temple folklorique le plus important, qui ne perd jamais dans l’élection locale et qui contrôle la mafia de sa région. Il s’agit de la famille Yen et du temple Zhenlan de Dajia.

Le mot Zhenlan signifie « calmer les vagues ». Lorsque les activités maritimes étaient une routine chez les habitants insulaires, ce temple qui honorait la déesse maritime Mazu occupait une position clé. Cette famille légendaire est devenue dans ce contexte la trinité du représentant des dieux, du représentant législatif et de la tête de la mafia locale. Jusqu’à aujourd’hui, elle continue à mobiliser le peuple local par la croyance, et ne perd donc aucune élection. Elle continue à consolider son réseau par son pouvoir législatif et enfin à trafiquer son influence pour gérer des affaires « difficiles ». Une famille sacrée est ainsi devenue une sacrée famille invincible.